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Rembrandt, Paysage aux trois arbres, eau-forte, pointe sèche et burin, 21 x 28 cm, état unique, 1643

Trois arbres sont perchés sur une colline tandis que, dans le lointain, se dessine une ville (peut-être Amsterdam ?). Les plans successifs d’ombre et de lumière traduisent les variations du ciel dans lequel un orage se prépare. Si les arbres sont encore éclairés par le soleil, la ville semble quant à elle se trouver sous la pluie.

Bien que certains éléments traduisent une sensation d’oppression, les différents personnages de la scène poursuivent sereinement leurs activités. Un dessinateur est assis au sommet d’une colline et tourne le dos au paysage pour regarder au-delà. Un couple d’amoureux s’abrite dans un bosquet alors que, près d’eux, un bouc (surtout visible sur la contre-épreuve) symbolise l’ambiguïté sexuelle de la situation. Un peu plus loin, c’est un pêcheur et sa femme, un pâtre, des animaux, une charrette et des paysans qui donnent vie à la scène.

Rembrandt, Paysage aux trois arbres, contre-épreuve, 1643, BNF, Paris.
© Bibliothèque nationale de France

Si les paysages de Rembrandt sont généralement animés, c’est la première fois que le graveur rend compte d’un changement atmosphérique. La planche, mordue à l’eau-forte, a été remaniée au niveau du ciel et les ombres du premier plan retravaillées au burin et à la pointe sèche. Un grain très fin, dû à la morsure de la fleur de soufre, apparaît en divers endroits de l’épreuve tandis qu’un travail au grattoir et au brunissoir a laissé des traces d’orage dans le ciel.

Les émotions du spectateur oscillent entre tension et sérénité. Le parallèle entre les trois arbres et les trois croix de la crucifixion renforce aussi la solennité de la scène. Pour autant, il n’est pas certain que Rembrandt ait eu dans lors de la réalisation de sa gravure une intention chrétienne.

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Titeuf par Zep sculpture en pierre de Tavel de Claude Chevènement H. 100 cm, 2011.

© J-M. Blache pour le Fonds Glénat

Cette statue installée dans la niche du portail d’entrée du couvent Sainte-Cécile représente un personnage emblématique de la bande dessinée et de la maison Glénat. Enfant des années 1990, Titeuf a conquis le cœur d’un large public qui a lui aussi grandi au rythme de ses gags dans la cour d’école.

En janvier 1993, est en effet publié le premier tome de la série Titeuf qui met en scène un petit garçon de 10 ans, reconnaissable à sa mèche blonde dressée sur la tête, qui se pose beaucoup de questions sur le monde des adultes et qui fait de nombreuses bêtises avec ses copains. Initialement tiré à 8 000 exemplaires, l’album rencontre un succès immédiat !

Tome 1 de la série Titeuf de ZEP, publié en janvier 1993 par les éditions Glénat.

Pourtant, avant d’arriver chez Glénat, Philippe Chapuis dit Zep, a démarché de nombreuses maisons d’édition pour raconter son projet ! Mais son héros, trop éloigné des critères de l’époque, n’attire pas la confiance des éditeurs qui lui prédisent aucun avenir. Finalement remarqué par Jean-Claude Camano, Zep est publié chez Glénat. Après 17 albums, près de 20 millions d’exemplaires vendus dans le monde et publiés dans 25 pays différents, la maison d’édition publiera au deuxième semestre 2023 le tome 18 des aventures du héros.

L’éditeur, qui installe son siège social en 2009 au couvent Sainte-Cécile, commande à Claude Chevènement, compagnon tailleur de pierre de Saint-Antoine-l’Abbaye, une statue du célèbre personnage qui est inaugurée en mars 2011 par Zep lui-même à l’occasion du vernissage de l’exposition consacrée à Tchô ! La Collec… en présence de nombreux auteurs.

La statue est installée à l’entrée du siège des éditions Glénat en lieu et place de l’ancienne statue protectrice du couvent qui avait disparue au moment de la Révolution française. Il n’en fallait pas moins pour rendre hommage à ce petit bonhomme sur lequel, au départ, personne ne misait !

Une deuxième statue, en bronze et reprenant la statue édifiée dans la cour de l’école de Carouge (Suisse), est également installée en 2021 à l’entrée des nouveaux bureaux parisiens des éditions Glénat à Boulogne-Billancourt.

La statue en bronze de Titeuf à l’entrée des bureaux des éditions Glénat à Boulogne-Billancourt © Fonds Glénat
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SAMIVEL, Chamonix, Mont Blanc France, au centre d’un monde de cristal, affiche, 99 x 63 cm, 1972.

Paul Gayet-Tancrède, dit Samivel est né en 1907 et décédé en 1992. Graphiste, illustrateur, cinéaste, photographe, Samivel est avant tout un écrivain qui publia de nombreux ouvrages sur la montagne. Son pseudonyme est inspiré de Sam Weller, un personnage du livre jeunesse Les Aventures de Monsieur Pickwick de Dickens.

C’est en 1928 que démarre sa carrière d’illustrateur avec ses premières collaborations à des revues et des livres d’alpinisme, étant lui-même adepte des sports alpins. En tant que cinéaste, il accompagne Paul-Émile Victor en 1948 dans la première expédition française au Gröenland ce qui donne naissance à trois films documentaires. En 1952, il réalise un film sur la beauté de la nature alpestre, Cimes et merveilles et, en tant qu’illustrateur, il met à l’honneur les textes de grands écrivains tels que Villon, Rabelais ou Ramuz.

Image issue du site Samivel

Défenseur des espaces naturels et des espèces menacées, il réalise de nombreuses affiches pour la Fédération française de la montagne et le Parc de la Vanoise, dont Les dix commandements de la montagne, dans les années 80.

Mais pour la postérité, Samivel est surtout un peintre des montagnes. La fascination du public devant la qualité de ses aquarelles ou la transparence de ses cieux, la montée des brumes évanescentes et la découpe acérée des pics célèbrent la haute montagne et ses cimes enneigées.

Dans ses œuvres, la nature est toujours sereine et infinie. La présence humaine est reléguée au second plan comme les minuscules alpinistes de cette affiche perchés au sommet d’une aiguille granitique.  Cette affiche évoque le monde de l’alpinisme mais aussi celui des cristalliers, dont Chamonix est l’une des capitales.

L’utilisation des teintes pastels, le bleu azur clair et le blanc renforcent le sentiment de calme, de pureté et de silence. La dilution des pigments et la fluidité des dégradés donnent à cette affiche un côté romantique tel que l’on peut trouver chez Caspar David Friedrich, lui aussi en quête de sublime.

Caspar David Friedrich, Le voyageur contemplant une mer de nuage, huile sur toile, 94,4 x 74,8 cm, 1818, Kunsthalle de Hambourg. Photo : Wikipedia

La montagne, magnifiée par Samivel, devient alors un pays de liberté, lieu de l’homme libre.

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Pieter Stevens le Jeune, La tentation de saint Antoine, huile sur bois, 56,5 x 99,7 cm, v. 1600.

Fantastique en de nombreux aspects, cette toile rivalise de génie avec les plus grandes œuvres du genre. À la fois puissante et expressive, cette composition fourmille de motifs surprenants, imaginaires, terribles, et, parfois, même burlesques. Ce tableau est sublimé par une mise en scène recherchée, capable tout à la fois de mettre en avant le côté fantastique du sujet et de donner à cette étrange composition un côté désordonné, tout en maîtrisant parfaitement dans les faits l’agencement global de la scène.

Le thème de ce tableau est emprunté au récit du saint Athanase : après être parti vivre dans le désert en ermite, Antoine évoque les souvenirs trop vivaces de son passé et connaît à nouveau les tentations démoniaques (les séductions du pouvoir, du luxe et de la volupté le sollicitent). Mais, si le Christ n’eut à l’endurer que quarante jours, Antoine fut, en revanche, soumis à l’épreuve tout au long de sa vie… Les démons n’hésitant pas à s’attaquer à lui jusque dans la vieillesse. Il résista cependant à tout et ne se laissa pas abuser par les tentations qui ne cessaient de se multiplier.

Détail de l’œuvre de Pieter Stevens le Jeune. Crédits photographiques : J-M. Blache pour le fonds Glénat.

Dans cette vision entre Ciel et Enfer, on retrouve les quatre éléments : l’eau, le feu, la terre et l’air. Une multitude de monstres et de personnages tous plus étranges les uns que les autres, peuple cet environnement fantastique. On aperçoit, au milieu de la scène, l’un des cavaliers de l’Apocalypse sortant de la porte des Enfers. Le tableau baigne dans une atmosphère sombre aux tonalités brunes et ocre traversées de rouges et de jaunes aigus, donnant d’autant plus de force aux motifs qui les arborent. Cette magnifique Tentation de saint Antoine égale les plus belles scènes infernales peintes par les grands prédécesseurs que sont Jérôme Bosch, Jan Mandijn et Jan Brueghel.

Jérôme Bosch, La tentation de saint Antoine, huile sur bois, v. 1520-1530, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.
Crédits photographiques : J. Geleyns / Ro scan

Véritable chef-d’œuvre de l’artiste, ce panorama infernal échappe à la simple retranscription des modèles précédents hérités de Jérôme Bosch. Inventif et étonnant, le peintre s’inspire également d’une gravure de Giorgio Ghisi datant de 1561 et connue sous le nom Allégorie de la vie (Le rêve de Raphaël). Des éléments tirés du tableau de Jan Brueghel l’Ancien, intitulé Circé et Ulysse, parsèment aussi la composition.

Giorgio Ghisi, Allégorie de la vie, gravure, 1561, The Metropolitan Museum of Art, New York.
Crédits photographiques : Harris Brisbane Dick Fund, 1953.
Jan Brueghel, Circé et Ulysse, huile sur cuivre, 1595, Art Gallery of Ontario, Toronto.
Crédits photographiques : wikipédia.

La tentation de saint Antoine se démarque cependant de ces deux œuvres par une mise en scène plus recherchée, marquée par une volonté de mettre en avant le côté fantastique du sujet et par la volonté d’animer la composition en donnant un côté faussement désordonné à l’ensemble, tout en maîtrisant parfaitement l’ensemble de l’agencement. L’étude du Saint, peint en grisaille, nous laisse penser que le tableau date des années 1600 et fut probablement peint après le séjour de l’artiste à Venise (le support en noyer confirmant l’hypothèse d’une origine italienne).

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Johan Barthold Jongkind, La voie ferrée à Blandin, aquarelle sur papier, 18,2 x 28 cm, 1877.

Johan Barthold Jongkind est un peintre hollandais né en 1819 dans l’est des Pays-Bas et décédé en 1891 à Saint-Égrève. Il fut l’élève du célèbre paysagiste hollandais Andrea Schelfhout. Installé à Paris depuis 1845, il passe à partir de 1873 plusieurs séjours dans le Dauphiné, accompagnant Joséphine Fesser d’abord à Pupetières puis, à partir de 1878, à la Côte-Saint-André.

C’est dans ces paysages que Jongkind se consacre presque exclusivement à l’aquarelle, qu’il pratique le plus souvent pour elle-même sans se préoccuper d’exposition ni de vente et effectuant de moins en moins d’allers-retours entre l’Isère et son atelier parisien.

C’est en 1877, au cours d’un séjour de quatre mois à Mallein qu’il réalise une série d’œuvres dont cette aquarelle, représentant la voie ferrée à Blandin. Observateur de la vie paisible de la plaine iséroise et de ses habitants, ses aquarelles rendent ses impressions avec une grande liberté d’expression.

Le XIXe siècle est également l’âge d’or de l’aquarelle. Le matériel transportable permet aux artistes épris de liberté et de spontanéité d’utiliser une méthode souple qui permet de tout peindre. Les œuvres ont alors un caractère intime puisqu’elles révèlent les premières impressions du peintre et ses cheminements de pensée. Elle confère également un certain réalisme, avec toutefois des accents naïfs qui font aussi de Jongkind l’un des précurseurs de l’impressionnisme.

La fraîcheur et la spontanéité de notre aquarelle soulignent le caractère très personnel de cette œuvre. Elle illustre les améliorations techniques et l’évolution des mobilités à l’époque des révolutions industrielles, notamment à travers la ligne PLM Lyon-Grenoble mise en service une vingtaine d’années plus tôt.

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Les vélos de Doisneau

À partir du 13 octobre 2022 et jusqu’au 21 janvier 2023, le Fonds Glénat présente une nouvelle exposition consacrée au photographe Robert Doisneau.

Cette exposition est présentée grâce au soutien et à l’accompagnement de l’Atelier Robert Doisneau, la Caisse d’Épargne Rhône Alpes, les Papeteries de Vizille du groupe Vicat, Hachette Livre, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, France Bleu Isère, M Tag, et le téléphérique Grenoble Bastille.


Au vélo, Robert Doisneau préférait la voiture. N’était-elle pas plus pratique pour transporter son matériel de prise de vue ? Et pourtant, sa vie durant, il a photographié des vélos : en pleine course, sur le point de tomber, à l’arrêt. Mais plus que la bicyclette aux qualités graphiques manifestes, l’explorateur du quotidien qu’il était s’est intéressé aux cyclistes. À ce père qui part à la pêche avec son fils, à ces deux cyclistes lillois qui découvrent la tour Eiffel.

Forte d’une sélection de près de 70 photographies exceptionnelles, dont de nombreuses inédites, cette exposition explore non seulement un nouveau champ de l’œuvre du photographe, mais illustre aussi l’histoire de la mobilité dans la société française. Né en 1912 à Gentilly, Doisneau est de cette génération pour laquelle le vélo est passé du statut d’objet d’émancipation à celui d’anomalie urbaine.

À travers 5 thématiques, « La petite reine des dimanches et des vacances », « Durant la guerre », « Un sport populaire », « Vélo boulot », « La fin du vélo ? », couvrant près de 60 ans de reportages, le visiteur est ainsi invité à découvrir l’histoire des âges et des usages du vélo sous l’œil malicieux de Doisneau. Une échappée extraordinaire dans les roues d’un des plus grands maîtres de la photographie humaniste.

Dossier de presse

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Jean-François HACHE, Petite table de jeux, 73 x 85 x 60 cm, v. 1780

Aîné des trois fils de Pierre Hache, Jean-François est né en 1730 à Grenoble. Il commence à travailler avec son père, alors installé place Claveyson puis, tout en continuant leur collaboration, s’établit à son compte en 1754 avant de reprendre seul l’atelier paternel en 1770. Il obtient vite une grande notoriété et, pendant plus de trente ans, exploite de nombreux ateliers et magasins dans la capitale des Alpes. Ébéniste particulier de Louis-Philippe, duc d’Orléans et gouverneur du Dauphiné, il fournit le mobilier de la plus grande partie des demeures fastueuses dauphinoises. Sa production alterne donc entre mobilier luxueux et mobilier courant mais toutes ses réalisations restent très soignées, toujours empreintes d’élégance et de légèreté.

Cette petite table à jeux présente dans nos collections, réalisée autour de 1780, est l’un des témoins de cette production mais également des pratiques sociales du XVIIIe siècle.

En effet, dès le Moyen-Âge, des jeux de tables se développent et concurrencent les dés jusque-là très répandus. Les jeux d’échecs, venus d’Orient, arrivent en Europe, les jeux de cartes et les jeux d’argent se développent. Avant Louis XIV, n’importe quelle table pouvait servir au jeu. On y déposait simplement un tapis de drap, de velours ou de lin sur le plateau avant de commencer à jouer. C’est dans la seconde moitié du XVIIe siècle que ce tapis est fixé de manière définitive sur le plateau. Ces « tables de jeux » connaissent un essor considérable au XVIIIe siècle et sont progressivement capables de s’adapter à de multiples jeux avec l’apparition de plateaux réversibles.

Le plateau de notre table est amovible. Crédit photo : Fonds Glénat

Notre petite table comporte donc ces spécificités. Le plateau rectangulaire est composé sur le dessus d’un damier marqueté et d’un drap vert au revers. À l’intérieur se trouve un jeu de tric-trac, jeu de dés très en vogue en France sous l’Ancien Régime.

L’intérieur de la table comporte un jeu de tric-trac sur fond d’ébène avec deux casiers et un rangement pour les jetons. Crédit photo : Fonds Glénat

Réalisé en bois de rose, sycomore, noyer et ébène, l’assemblage d’essences qui constitue cette petite table, ainsi que son profil, reflètent bien l’élégance inhérente aux meubles Hache.

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Charles Bertier, À Sassenage, les cuves de Sassenage, huile sur toile, 61 x 46 cm, s.d.

Situé à 4 km de Grenoble, Sassenage est un village très apprécié des peintres voyageurs du début du XXe siècle. Depuis le Moyen-Âge, les cuves sont même recensées comme l’une des sept merveilles du Dauphiné. Facile d’accès, ce site présentant cascades et impressionnants éboulis de rochers offrait aux artistes des motifs particulièrement pittoresques. D’autant plus que le développement de la représentation des paysages de montagnes en peinture est largement dû au développement du tourisme dans les Alpes et à la démocratisation de l’alpinisme, phénomène qui marque le début du XXe siècle.

Peintre né à Grenoble en 1860, issu d’une famille de gantiers, Charles Bertier montre très tôt des aptitudes pour la pratique des beaux-arts. Élève de Laurent Guétal, fortement influencé par les peintres de l’école dauphinoise dont Jean Achard, il se consacre d’abord aux paysages des alentours de Grenoble avant de s’intéresser à la haute montagne et aux glaciers. Il aurait réalisé près de 1 500 tableaux tout au long de sa carrière.

Portrait-charge de Charles Bertier, par Eugène Tézier, avec un quatrain d’Emile Roux-Parassac © Bibliothèque dauphinoise.
Portrait de Charles Bertier par Albert Ravanat © Coll. Musée dauphinois – Département de l’Isère

Cette toile évoque l’un des spots touristiques majeurs de son époque : les cuves de Sassenage.

La composition verticale de la toile, héritée des maîtres dauphinois, amène le regard du spectateur à passer par le premier plan avant de contempler le paysage en fond. Notre regard suit alors un petit chemin qui monte vers l’entrée des cuves. De part et d’autre se trouvent des brebis, sûrement échappées des prés alentour. Sur la gauche, un petit ruisseau dans lequel une lavandière lave son linge apporte un côté très pittoresque à la scène. Sur la droite, un aqueduc sert certainement à alimenter un moulin situé au bord du Furon. Notre regard monte ensuite vers les rochers qui dominent le village. L’angle d’un fort et quelques maisons traduisent la présence humaine dans ce paysage aux nuances de verts et d’orange.

Bertier cherche ici à obtenir un rendu réaliste. Constante dans le choix des couleurs, de la lumière et des effets atmosphériques, la composition apparaît d’une rigueur mathématique et contribue à sublimer ce paysage montagnard. Par cette toile Bertier invite également le spectateur à emprunter ce petit chemin de terre pour découvrir ce joyau du patrimoine naturel dauphinois.

Carte-postale montrant la Gorge du Furon à Sassenage, paysage représenté par Charles Bertier © Généanet.
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André Cottavoz, Bords de mer, huile sur toile, 40 x 48,5 cm, s. d.

André Cottavoz est un peintre et lithographe français qui a appartenu au groupe des « sanzistes » et à l’École de Paris. Vers l’âge de 14 ans, il s’essaie à la copie de paysages tirés de l’Illustration avant de découvrir les œuvres de Vincent Van Gogh. Il emprunte alors un couteau et se met à peindre, ou plutôt à sculpter la matière, dans une pratique qui ne le quittera plus.

Un an après son entrée aux Beaux-Arts de Lyon, Cottavoz est réquisitionné pour intégrer le STO en Autriche : c’est à cette occasion qu’il rencontre Philibert Charrin. Libéré à la fin de la guerre et fortement marqué par ses années de captivité, Cottavoz réintègre finalement l’École des beaux-arts de Lyon avec Charrin où ils rencontreront Jean Fusaro et Jacques Truphémus. Ce groupe d’artistes invente alors le « sanzisme ». Face au cubisme, au surréalisme, au pointillisme et à tous les mouvements artistiques en « -isme », ils refusent de porter une étiquette et se revendiquent donc « sans -isme ».

C’est en 1953 avec le prix Fénéon que démarre véritablement la carrière de l’artiste. Il expose alors régulièrement à Paris, ville qu’il finit par quitter pour s’installer près de Cannes en 1958. C’est un véritable coup de cœur pour la Méditerranée, ses paysages et sa lumière. Cottavoz explore alors d’autres domaines : céramique, décoration de plaques émaillées ou gravures.

André Cottavoz à l’atelier Mourlot en 1989
Photo © Florent Jacques Cottavoz

C’est certainement dans cette période que l’artiste réalise cette toile représentant les Bords de mer.

Au bord de la plage, Cottavoz choisit de représenter le paysage qui s’offre à lui. Positionné derrière deux chaises blanches et une forêt de parasols bleus et blancs qui rythment la composition, il nous amène à porter le regard vers la mer qui se distingue du bleu du ciel grâce au « bleu Cottavoz », que l’on retrouve sur de nombreuses toiles de l’artiste. Tous les éléments de l’œuvre ne sont pas lisibles au premier abord, ce qui nous pousse à observer le tableau sous différents angles afin d’en saisir tous les aspects.

Une femme sur la gauche observe le peintre. À droite, un autre personnage installé à une table sirote un rafraîchissement. La plupart des personnages sont tournés vers la mer et apportent du mouvement à la composition tandis que l’amoncellement de tables, chaises et parasols nous transporte sur l’une des nombreuses plages privées qui parsèment la côte d’Azur.

Le travail de peinture au couteau et les nuances de bleu, de jaune et de rose plongent le spectateur dans ce paysage azuréen en mouvement et fait émaner de la toile une lumière estivale. Un véritable appel, si ce n’est du large, des vacances à la mer !

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Francis Masse, La Chèvre, sculpture en métal, s.d.

Né à Gap en 1948, Francis Masse, dit Masse, a étudié le dessin et la sculpture aux Beaux-Arts de Nancy puis de Grenoble avant de se tourner vers l’animation et la bande dessinée. Il publiera d’ailleurs certains de ses titres aux éditions Glénat.

À partir des années 1990, il retourne aux arts plastiques et notamment à la sculpture. Son univers à la fois érudit et décalé, déjà présent dans ses graphismes, transparaît ici dans une œuvre atypique représentant une chèvre au squelette métallique dont seule la tête et la queue sont identifiables.

Animal récurrent du bestiaire artistique, la chèvre est présente dès la préhistoire dans les grottes ornées puis sous l’Antiquité comme un être hybride avec le dieu Pan et les satyres ou encore au Moyen-Âge avec les chimères. Accompagnée d’une jeune fille, elle apporte une dimension bucolique dans les peintures des XVIIIe et XIXe siècles avant d’être reprise par les grands artistes du XXe siècle, Jean Cocteau, Emmanuel Frémiet ou encore Picasso.

Outre l’aspect bucolique et champêtre, ces représentations rappellent également la dimension nourricière de l’animal. En effet, dans la mythologie grecque, la chèvre Amalthée est celle qui nourrit Zeus enfant. Dans la mythologie nordique, la chèvre Heidrun nourrit les guerriers d’Odin avec son lait composé d’hydromel. En temps de peste en Occident, la chèvre fut utilisée pour nourrir les orphelins dont les mères avaient péri de maladie.

C’est à tous ces éléments que Masse fait probablement référence avec cette sculpture. S’emparant de formes du passé et du présent, il les assemble pour créer une œuvre contenant son propre langage. En suggérant le corps de l’animal avec de simples armatures métalliques, Masse retire cependant à la chèvre ses attributs nourriciers pour en faire une gardienne de la terre, veillant ici sur le jardin du couvent Sainte-Cécile.