
Cette scène bucolique où l’on découvre une jeune fille et un berger au bord d’une rivière est très peu fréquente dans l’œuvre de Rembrandt. Les collectionneurs s’accordent à discerner dans cette gravure le goût pour la poésie pastorale à la mode en Hollande à cette époque, mais le plus probable semble que l’artiste ait simplement cherché, comme beaucoup d’autres graveurs, à éditer une estampe agréable à regarder et susceptible de se vendre, y ajoutant, selon son habitude, une touche personnelle. Ainsi, au lieu de présenter des traits juvéniles et gracieux, le visage du berger est laid et vulgaire et, loin de contempler avec ravissement sa bien-aimée, il regarde à la dérobée entre ses jambes.
Il faut également chercher la symbolique des animaux présents dans cette scène pour en saisir le sens véritable. Le hibou, posé sur l’épaule du berger, symboliserait, selon Holm Bevers, la folie et la luxure donnant un côté inquiétant à la scène. De même, une allégorie sexuelle est perçue dans ces moutons et ces brebis qui, au lieu de paître paisiblement, s’affrontent et se pelotonnent.
Enfin concernant les personnages, les objets présents entre leurs mains font l’objet de plusieurs interprétations. La flûte, pointée vers la jupe de la jeune fille, est un symbole phallique, quant à la guirlande de fleurs, elle signifierait que la jeune fille consent à une relation lascive.
Les divers changements que Rembrandt effectua sur la planche semblent d’ailleurs amener l’artiste à recentrer l’attention du spectateur sur les deux figures principales tout en amenant son lot de questions et d’histoires possibles.