Catégories
Non classé

Fantin-Latour, Vase aux roses, 1872, huile sur toile, 35 x 28 cm.

Né à Grenoble en 1836, Henri Fantin-Latour est un peintre et lithographe français qui étudie avec son père avant de rentrer à la petite École de dessin de Paris puis à l’école des Beaux-Arts.

Contraint très tôt, par nécessité financière, de peindre des natures mortes, Fantin-Latour voit aussi dans cette thématique un excellent moyen de perfectionner son art. Le sujet lui permet d’étudier les rapports de tons et de couleurs tout en se montrant à la fois fidèle à la nature et à la peinture. Il prendra un véritable plaisir à réaliser ces toiles – il peindra près de 800 bouquets ! – qui deviendront sa principale source de revenus jusqu’en 1895.

Les fleurs en peinture ont une fonction sociale et économique importante. Elles participent en effet au culte catholique, elles servent les sciences botaniques et médicales et surtout les arts industriels en pleine expansion, tissage ou papier peint. En tant qu’occupation jugée féminine, la peinture de fleurs avait la réputation d’éloigner les femmes des ateliers d’artistes et ainsi de les sauver du vice.

Vase aux roses est une œuvre minutieuse, intimiste et méditative qui présente un bouquet de roses dans un vase noir. Reine des fleurs, la rose s’impose dans plus de 200 toiles de Fantin-Latour au moment où les espèces obtenues par les horticulteurs franchissent océans et frontières, devenant un langage universel. La demande est si forte que le peintre lyonnais André Perrachon (1827-1909) se spécialise et devient l’ambassadeur des célèbres rosiéristes lyonnais. Le rendu des grosses fleurs préoccupe les fleuristes à la mode et les peintres tel Edouard Manet (1832-1883). Leur virtuosité consiste à évoquer à la fois le fort volume global et le délicat détail des pétales.

André Perrachon, Bouquet de roses, huile sur toile, 27 x 36 cm, XIXe siècle. Musée Greuze, Tournus. Crédit photo : Christelle Rochette.
Edouard Manet, Branche de pivoines blanches et sécateur, huile sur toile,30,5 x 46,5 cm, 1864. Musée d’Orsay, Paris. Crédit photo : RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Dans cette toile, le bouquet domine la composition et la limitation de l’espace permet une concentration maximale sur les fleurs tout en rappelant l’art japonais de l’ikebana. Le peintre a installé lui-même le bouquet qu’il vient de cueillir dans un vase et l’a posé sur une table devant un fond foncé. Les fleurs baignent dans une lumière subtile qui met en relief les volumes tandis que les touches plus épaisses évoquent la texture des roses.

Pour ces véritables portraits de fleurs, Fantin-Latour étudiait chaque espèce afin de la retranscrire dans un souci presque botanique mais toujours empli de poésie. Une variété de rose porte d’ailleurs aujourd’hui le nom de l’artiste tel un hommage à celui qui les a tant magnifiées.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.