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Rembrandt, Savant dans son cabinet ou le Docteur Faustus, 1652, eau-forte, 21 x 16 cm.

Réalisée en 1652, cette estampe est intitulée Savant dans son cabinet mais elle fut renommée au XVIIIe siècle le Docteur Faustus.

Selon la première forme du titre, l’homme représenté est un savant. L’iconographie du scientifique au XVIIe siècle est, en général, une transposition du philosophe antique ou du magicien. Le savant est, dès la Renaissance, incarné par un homme âgé et barbu comme en témoigne L’Hermogène de Jérôme Bosch, mais il s’en différencie souvent par des outils ou des documents comme le télescope et les instruments de mesure de l’Astrologue de François Eisen (1685 – v. 1778).

Jérôme Bosch (suiveur de), Saint Jacques et le magicien Hermogène, XVe siècle, Huile sur bois, 62 x 41,5 cm, Musée de Valenciennes. Photo : RMN Grand Palais / René-Gabriel Ojéda
François Eisen, Un astrologue, XVIIIe siècle, huile sur bois, 21 x 22 cm, Musée de Valenciennes. Photo : RMN Grand Palais / René-Gabriel Ojéda

Dans cette gravure, Rembrandt reprend cette tradition iconographique en donnant à son savant les traits d’un vieil homme coiffé d’un chapeau et habillé d’un manteau lui donnant une allure orientale. Dans le cabinet de travail, un ensemble de documents est étalé sur le bureau. Dans le coin inférieur droit de la gravure, la présence d’un globe laisse à penser que nous sommes peut-être en présence d’un astronome ou d’un géographe. La main droite appuyée sur la table et la gauche sur un objet de forme cylindrique donne à cet homme une posture de chercheur au travail, certainement surpris par le halo lumineux qui apparaît à sa fenêtre.

Cette apparition énigmatique porte une inscription sur laquelle on lit : I N R I – ADAM TE DAGERAM -AMRTET ALGAR ALGASTNA. Si on distingue l’inscription « INRI » (en référence au Christ) le sens du message demeure mystérieux.

Parmi les diverses interprétations données de l’estampe figure d’abord celle mentionnant cette planche comme un Alchimiste au travail, mais les objets ne permettent pas de l’identifier comme tel. À partir de 1731, cette gravure est identifiée sous le nom de Docteur Faust. Goethe l’utilise d’ailleurs comme frontispice de son œuvre homonyme.

Certes, on a retrouvé des versions plus anciennes de la légende de Faust dont Rembrandt a pu avoir connaissance, notamment celle de Marlowe en 1650 à Amsterdam dans laquelle un ange, sous forme d’un être lumineux, apparaît à Faust pour lui dire de ne pas signer de pacte avec le diable. Toutefois, comme l’estampe ne correspond pas à la représentation habituelle des personnages principaux de Faust, on a également pu penser qu’il pouvait s’agir d’une représentation de Faustus Socinus, fondateur de la secte des Sociniens. Pour d’autres, l’estampe serait en réalité une allégorie de la foi, montrant que la science humaine est limitée et déformée.

Le mystère de l’interprétation de cette gravure reste entier même s’il demeure certain que cette image rassemble deux traditions iconographiques : le saint surpris par l’apparition divine et le savant dans son cabinet de travail en proie à une idée surnaturelle.

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