François-Edmé Riçois (1795 – 1881) entre à l’école des Beaux-Arts en 1816 où il sera l’élève du grand paysagiste Jean-Victor Bertin, mais aussi d’Anne-Louis Girodet et de Constant Bourgeois. Il commence rapidement au Salon car, dès 1819, il y présente sa première toile : une vue de Montreuil, conçue et peinte selon les goûts très classiques de l’époque. Bien accueilli par le public, Riçois développe sa manière et adopte des lumières douces et chaleureuses qu’il utilisera jusqu’à ses dernières œuvres. En 1824, il obtient d’ailleurs une médaille de seconde classe au Salon et expose partout en France où il obtiendra aussi des récompenses.
Le jeune Riçois est un globe-trotter. Il sillonne les vallées françaises, traversant même les chaînes des Pyrénées puis des Alpes pour ramener des toiles aux saveurs étrangères. Il prend souvent pour modèle un bâtiment remarquable (châteaux régionaux ou églises, abbayes, ponts antiques) où encore des panoramas d’exception.
Ses paysages, de formats totalement divers, ont su trouver leur place dans les intérieurs bourgeois de tous types au fil du XIXe siècle et sont toujours autant recherchés aujourd’hui. Il présente ses dernières toiles au Salon de 1880, après 61 ans d’expositions, et meurt l’année suivante laissant une œuvre complète des paysages et monuments vus sous l’angle du XIXe siècle.
Réalisée pour le salon de 1870, cette toile présente une vue de la Grande Chartreuse, monastère et maison mère de l’ordre des Chartreux, une trentaine d’année avant l’expulsion des moines. Si la représentation du bâtiment semble être fidèle à la réalité, la montagne en arrière-plan est, quant à elle, complètement fantaisiste. Elle sert principalement à donner l’impression d’isolement et d’immensité de l’environnement du monastère tout en renforçant les émotions du spectateur.
François Edmé Riçois présente à plusieurs reprises la Grande Chartreuse et ses environs sous des angles et des formats différents. Le Louvre possède ainsi un dessin de l’artiste daté de 1820.
Le Musée dauphinois conserve quant à lui une autre version de notre tableau réalisé une vingtaine d’année plus tôt. Enfin, la collection d’art du couvent Sainte-Cécile comporte également une aquarelle préparatoire de l’artiste qui a notamment pu servir à la réalisation du tableau de 1870.