Originaire de Marseille, Isidore Dagnan suit l’enseignement de son maître Augustin Aubert (1781-1857) avant de se lancer dans une carrière itinérante. Si ses nombreux déplacements stimulent sa pratique picturale, ils développent également son goût pour le paysage urbain, dans la tradition des peintres du XVIIIe siècle et des védutistes. D’inspiration romaine, le premier tableau qu’Isidore Dagnan envoie au Salon de 1819 fait écho à un voyage en Italie tandis que ses participations suivantes évoquent des séjours à Fontainebleau, dans l’Ain, le Jura, la Loire ainsi qu’en Auvergne, en Bretagne, en Provence ou en Suisse. Ses pérégrinations le conduisent aussi à Lyon, où il observe le traitement de la lumière des paysagistes locaux. À cette époque, les peintres lyonnais et isérois, qui partagent le même intérêt pour le motif, se retrouvent régulièrement à Sassenage. C’est probablement à la suite de ces rencontres qu’Isidore Dagnan emménage à Grenoble dans le courant de l’année 1824.
Dans son atelier, Isidore Dagnan prodigue ses premiers conseils au jeune Jean Achard, donne des cours de perspective appliquée au paysage durant l’hiver et explore, dès le retour des beaux jours, les sites alentour. Dagnan projette également d’ouvrir une école de paysage à Grenoble en 1830 mais sa demande reste vaine, ce qui le convainc certainement de quitter Grenoble pour Paris.
Cette vue de Grenoble prise du côté de la Bastille et réalisée en 1831, montre à la fois l’activité urbaine et l’environnement naturel de la capitale des Alpes. La représentation de la chaîne de Belledonne, avec ses cimes enneigées en arrière-plan, est relativement éloignée de la réalité, et les éléments d’architecture grenobloise semblent simplement esquissés ce qui laisse à penser que ce tableau est, peut-être, une étude préparatoire.
Bien que le passage de Dagnan dans la capitale des Alpes soit de courte durée, il marque une transition importante dans son art et annonce une nouvelle vision dans la représentation picturale de la région alpine.