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Tapisserie « Le Repas » issue des Amours de Gombault et Macée, Bruges, fin XVIe-début XVIIe, laine et soie, 358 x 338 cm.

Thème pastoral en vogue dans les arts au XVIe siècle, Les Amours de Gombault et Macée raconte les amours d’un berger et d’une bergère, tout en mettant en scène la vie paysanne. Ce texte, écrit en ancien français, tire son origine du Jeu de Robin et Marion, une pièce de théâtre entrecoupée de chansons écrites par Adam de la Halle au XIIIe siècle et l’un des premiers opéras comiques de la littérature francophone. Cette pastourelle (poème chanté) fut beaucoup représentée en tapisserie et en gravure, constituant ici un ensemble de huit panneaux tissés.

Ouvrage présent dans les collections de la BNF : Histoire de Robin et Marion, Gombaut et Macée A Paris par Iehan le Clerc, ruë Frementel, à l’Etoille d’Or. Auec priuilege du Roy pour dix ans., [1581-1599], RESERVE ED-5 (G)-FOL < Fol. 125-128v  >

Notre tapisserie, l’un de ces huit panneaux, représente la scène du repas. Bergers et bergères sont rassemblés sur l’herbe. Sur la gauche se tiennent deux cavaliers. L’un d’eux porte un faucon à son poing. Au centre de la tapisserie, nous retrouvons la bergère, qui repousse les assauts d’un chevalier tandis que les autres protagonistes profitent du banquet pastoral. Au premier plan, un buisson accueille plusieurs volatiles dont un faucon terrassant un héron.

Les bordures de la tapisserie présentent des motifs végétaux, des fruits, deux têtes de béliers et des instruments liés à la vie pastorale. Au centre de la bordure inférieure, divers instruments de musique. Sur la bordure supérieure, les attributs du berger. Ces bordures fleuries et chargées de symboles sont caractéristiques des Ateliers de Bruges.

Les dialogues entre les personnages sont représentés dans les phylactères (banderoles aux extrémités enroulées), à la manière de bulles de bande dessinée :

Pastoureax qui vivent sous les ombres

Des bois avec pastourelles
A vingt cinc ans sont plus aises
De gros pains bis d’eau et de freses
Que gentils hommes et damoiselles


Alizon c’est plaisant butin
Que tenir ton ferme tetin
Et baiser ta bouche vermeille.


Mais d’ou vous vient cest avertin
Retirez votre sotin
Gardez que Robin de s’eveille.


Venez boire mo gentil homme
Et manger un morceau de pomme
en nootre banquet pastoral.


Sans soucy vivons et sans somme
D’or ou d’argent joyeux nous sommes
De vivre sans penser en mal


Il te tarde bien Rigodet
Que tu n’embrasse ce godet
Pour faire a Baccus sacrifice

Dans sa représentation de « saynètes » et dans l’irruption des dialogues dans l’image, la tapisserie use des mêmes procédés que la bande dessinée. Elle est d d’ailleurs encore utilisée par certains auteurs, comme Philippe Druillet ou encore les Ateliers d’Aubusson, pour représenter l’œuvre d’Hayao Miyazaki.

Philippe DRUILLET, Le maître d’Amilcar, 300 x 200 cm, tapisserie.
Tapisserie d’Aubusson : Ashitaka soulage sa blessure démoniaque © 2022, Cité internationale de la tapisserie – Aubusson | Princesse Mononoké ©1997, Studio Ghibli-ND